Ce vendredi, la cour d'assises d'Ille-et-Vilaine a condamné Roland Blaudy, 65 ans, à 30 ans de réclusion criminelle pour des agressions sexuelles et des viols d'une fillette commis au domicile de ses parents, eux-mêmes condamnés pour subornation de témoin.
Le ministère public avait requis entre 25 et 30 ans de réclusion. L'oncle et la tante de la victime se sont dit satisfaits du jugement, jugeant que "30 ans de prison" était "à la hauteur" de son "calvaire".
A partir de 2002, les parents de Karine avaient hébergé Roland Blaudy, connaissant pourtant ses antécédents d'attentats à la pudeur sur mineurs. L'accusé, qui avait jusqu'alors toujours nié les faits, a reconnu lors du procès avoir agressé sexuellement et violé au domicile de ses parents Karine, alors âgée de cinq à sept ans, entre 2002 et 2005.
Placée chez son oncle et sa tante en 2010 après une dizaine de signalements, Karine aurait également subi des pressions et des menaces de la part de ses parents en 2009 et 2011. Ils lui auraient demandé de ne pas raconter ce que Roland Blaudy lui avait fait subir.
Le couple a nié les faits durant le procès. Le père et la mère ont tout de même exprimé leurs regrets et se sont excusés de ne pas avoir assez protégé leur fille. "Je l'aime même si on ne se parle plus", a expliqué le père.
Anne-Marie Jambu, mère de la victime, a été condamnée pour subornation de témoin à deux ans de prison avec sursis, assortie d'une obligation de soins, et le père, René Jambu, à trois ans de prison dont six mois ferme. La mère avait déjà été condamnée dans les années 80 pour avoir tué de plus d'une centaine de coups de couteau son premier enfant, issu d'un viol, à la naissance.
Une action en justice contre l'État
Karine, âgée aujourd'hui de 20 ans, a attaqué l'État pour faute lourde, après une dizaine de signalements à la justice sur sa situation, restés sans réponse. Une audience s'est tenue le 2 juillet devant le tribunal de grande instance de Paris. Le jugement a été mis en délibéré au 17 septembre.Lors du procès, l'avocat général s'est refusé à commenter cette autre procédure mais a reconnu d'une voix émue que "la justice a manqué de clairvoyance au moment du signalement en 2003". Il a ajouté: "Nous avons des questions à nous poser au niveau de notre responsabilité professionnelle".
Roland Blaudy a déjà été condamné en 2007 pour viols de mineurs, dont sa propre fille, une condamnation pour laquelle il purge actuellement une peine de 18 ans de réclusion criminelle.